2012-10-10 19:26:21
Φωτογραφία για Des anti-Merkel bêtes et méchants - Those mad, bad and sad Anti-Merkelites
Jean Quatremer dans Le Monde

Des manifestants déguisés en nazis, lors de la visite d'Angela Merkel à Athènes, le 9 octobre

La visite d’Angela Merkel à Athènes, le 9 octobre, a donné lieu à des manifestations au cours desquelles la chancelière a été caricaturée en Hitler. Des excès qui confinent à la bêtise et qui empêchent les Grecs d’affronter leurs responsabilités, réagit un journaliste français.

Environ 25 000 Grecs ont protesté contre la visite d’Angela Merkel, la chancelière allemande, à Athènes, la première depuis le début de la crise de la zone euro. Pour ces manifestants, pas de doute : la responsable de leur situation dramatique est l’Allemagne, ce nouveau Reich accusé de saigner leur pays. Des drapeaux nazis ont été brandis, des manifestants ont même arboré l’uniforme de la Wehrmacht.

Cette démonstration, qui n’est pas une première depuis le début de la crise grecque (Merkel a souvent été caricaturée en Hitler), est intéressante parce qu’elle révèle une certaine mentalité. Car on peut chercher dans les autres pays en difficulté financière, que ce soit au Portugal, en Irlande, en Espagne, en Italie ou à Chypre, on ne trouve nulle part de telles démonstrations de germanophobie délirantes.


Les Grecs doivent payer l'additionC’est ce qui distingue radicalement la Grèce de ses partenaires : une partie de la population, certes encouragée par ses politiciens, préfère rendre l’étranger responsable de ses problèmes plutôt que de se remettre en question. Il est vrai que bouc émissaire vient du grec ancien "bouc à Azazel". Ainsi, au printemps 2010, le vice-premier ministre grec, le socialiste Theodore Pangalos, a rappelé que l’Allemagne n’avait jamais payé ses dettes de guerre à la suite de l’occupation nazie du pays. En décembre de la même année, le secrétaire d'Etat aux finances, Philippos  Sahinidis, a chiffré la dette allemande envers son pays à 162 milliards d'euros. Bref, l’Allemagne doit payer pour aider la Grèce, car c’est elle qui est débitrice.

Après trois ans de crise, une partie de la société grecque refuse donc d’admettre qu’elle ne doit sa situation qu’à elle-même. Personne n’a imposé aux Grecs l’un des Etats les plus corrompus de la planète. Personne ne les a forcés à des dépenses militaires délirantes, à exonérer d’impôts clergé et armateurs, à laisser la majorité de la population frauder le fisc, à mentir pour se qualifier pour l’euro, à s’endetter jusqu’à plus soif, à laisser dériver les salaires, à ne pas profiter des bas taux d’intérêt de leur dette pour investir dans leur économie, etc., etc. On peut certes reprocher aux Européens d’avoir fermé les yeux sur ces dérives connues de tous. Mais les Grecs ne sont pas des grands enfants.

Aujourd’hui que les marchés ont brûlé ce qu’ils ont aimé, les Grecs doivent payer l’addition. C’est désagréable, nul ne le conteste. Pas plus que personne ne conteste que la potion administrée ne l’est pas forcément avec douceur, mais la zone euro n’a pas l’expérience de ce genre de situation et a sans doute fait des erreurs en exigeant trop d’un pays sans Etat. Tout comme l’Allemagne, qui a rechigné à aider la Grèce au début de la crise, a sans doute concouru à son aggravation.

Une poignée de crétinsMais la zone euro et l’Allemagne ont finalement répondu présents : 240 milliards d’euros d’aide (sous forme de prêts) qui ont permis à la Grèce d’honorer ses échéances, auxquels se rajoutent plus de 50 milliards d’obligations grecques rachetées par la Banque centrale européenne, la plus grande restructuration de dettes de toute l’histoire moderne, 15 milliards d’euros d’aide financière sur deux ans, une assistance technique (européenne et bilatérale dont allemande) sans précédent pour aider à la construction d’un Etat moderne, etc.

L’alternative ? Il n’y en pas de moins douloureuse. Les Grecs, dans leur très grande majorité, ne veulent d’ailleurs pas quitter la zone euro, car ils savent qu’une faillite pure et simple serait infiniment plus douloureuse que le traitement qu’ils subissent.

En se rendant à Athènes, dans un geste spectaculaire, la chancelière reconnaît les efforts accomplis par le gouvernement Samaras et vient affirmer qu’elle ne souhaite pas (plus ?) la sortie de la Grèce de la zone euro, alors que son opinion publique y reste favorable. Alors, brandir des drapeaux nazis est non seulement indigne, mais imbécile et ne peut qu’envenimer la situation : les Allemands, dont la démocratie est l’une des plus exemplaires du monde, ne vont guère goûter d’être ainsi ramenés une nouvelle fois au nazisme par un pays qui n'est pas un exemple de démocratie.

On peut se rassurer en pensant qu’il n’y a finalement eu que 25 000 manifestants et une poignée de crétins brandissant des drapeaux nazis (dans un pays qui a envoyé un groupuscule néonazi au Parlement, ce qui est savoureux). A tout le moins, cela devrait encourager la Grèce à se doter d’une législation punissant ce type d’appel à la haine.

Greece-Germany

Those mad, bad and sad Anti-MerkelitesDemonstrators dressed as Nazis, during Angela Merkel's visit to Athens, October 9.Angela Merkel’s 9 October visit to Athens gave rise to demonstrations in the course of which the chancellor was caricatured as Hitler. Excesses bordering on stupidity that prevent the Greeks from facing up to their responsibilities, argues a French journalist. 

Jean Quatremer

Approximately 25,000 Greeks protested against German Chancellor Angela Merkel's visit to Athens, the first since the start of the euro crisis. For these demonstrators, there could be no doubt: the country that is to blame for their dramatic situation is Germany, the new Reich is accused of bleeding Greece dry. Nazi flags were waved, and some of the demonstrators even sported Wehrmacht uniforms.

This demonstration, which is not the first of its kind since the beginning of the Greek crisis (Merkel has often been caricatured as Hitler), is interesting because it reveals a certain mentality. Because when we look at any of the other countries in financial difficulty, whether it be Portugal, Ireland, Spain, Italy or Cyprus, nowhere can we see such outrageous Germanophobic demonstrations.

This is what radically distinguishes Greece from its partners: one part of the population, admittedly encouraged by its politicians, prefers to blame foreigners for the country’s problems rather than calling themselves into question. It is true that “scapegoat” is derived from the Ancient Greek for “Azazel’s goat”.

Thus, in the spring of 2010, Greece’s socialist Deputy Prime Minister, Theodoros Pangalos, declared that Germany had never paid war reparations following the Nazi occupation of the country. In December of the same year, the then Deputy Finance Minister, Filippos Sachinidis, evaluated Germany’s debt to his country at 162 billion euros. In short, the Germans should pay to help Greece, because they are the ones in debt.

After three years of crisis, a part of Greek society refuses to admit that it alone is responsible for its situation. No one imposed one of the planet’s most corrupt states on the Greeks. No one forced them to indulge in crazy military spending, to exonerate the clergy and ship owners and allow the majority of the population evade tax, to lie to qualify for the euro, to run up mountainous debts, to let salaries drift, to abstain from investing in their economy when they could have taken advantage of low interest rates etc., etc. Admittedly, we can reproach Europeans for turning a blind eye to these issues which were common knowledge. But the Greeks are not big children.

A handful of cretins brandishing Nazi flags Now that the markets have burned what they loved, the Greeks will have to pay the bill. It is unpleasant, no one denies it. And no one denies that the manner in which the portion is being administered is not very gentle, but the Eurozone has very little experience of this type of situation, and has probably made the mistake of demanding too much of a country with no state. Just as Germany, which balked at helping Greece at the beginning of the crisis, probably made a bad situation worse.

But the Eurozone and Germany finally responded to the call: 240 billion euros of aid (in the form of loans) which enabled Greece to make its payments, along with 50 billion of Greek bonds purchased by the European Central bank, the biggest debt restructuring in modern history, 15 billion euros of financial aid over two years, unprecedented technical assistance (both European and bilateral, and thus in part German) to help construct a modern state etc.

And the alternative? There is no less painful option. Moreover, an overwhelming majority of Greeks do not want to leave the Eurozone, because they know that pure and simple bankruptcy would be infinitely more painful than the treatment they currently have to endure.

In making the spectacular gesture of traveling to Athens, the Chancellor has acknowledged the efforts made by the Samaras government, she has also affirmed that she does not want – or at least no longer wants –  a Greek exit from the Eurozone, which is still favoured by public opinion in Germany.

So to wave Nazi flags is not only disgraceful, it is also imbecilic and certain to aggravate the situation: Germans, whose democracy is one of the most exemplary in the world, will hardly appreciate once again being equated with Nazis by a country that is not a shining example of democracy. We can find reassurance in the fact that there were only 25,000 demonstrators and a handful of cretins brandishing Nazi flags (in a country that elected a small group of Nazis to its parliament, which is a nice touch). At the very least, this should encourage Greece to adopt legislation to punish this type of incitement to hatred.

Translated from the French by Mark McGovern
Πηγή
InfoGnomon
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